Julie avait 15 ans, les cheveux blonds, bouclés,
Julie avait 15 ans, les cheveux blonds, bouclés, tellement enfantine, presque ingénue, naïve, la peau blanche et laiteuse, si jolie quand elle souriait. Tous les dimanches Julie mangeait avec ses parents et ses grands-parents, après la promenade dominicale dans le parc familiale les jours de beau temps. C'est tout juste si elle ne porte pas une robe comme au temps de la comtesse de Ségur. Elle porte la raie au milieu quand elle va chez ses grands parents et elle enlève son vernis rouge. Sa mère lui ordonne et bien sur elle obéit. Pourtant elle aime ça le vernis rouge. Et puis il y a grand père, il est vieux, on ne doit pas le choquer, une fille de 15 ans avec du vernis... Sa grand mère lui raconte toujours les mêmes histoires mais Julie aime les histoires de sa grand mère, on lui a trop raconté que les grands parents finissaient par mourir et que ils mourraient avec leurs secrets. Julie veut tout connaître de ses grands parents avant qu'ils ne meurent. Julie a un frère avec lequel elle se chamaille souvent mais Julie dans le fond l'aime bien. Et puis on doit aimer son frère après tout. Comme on aime ses parents. Et puis sa grand mère lui offre toujours un bracelet ou alors un foulard. Un truc qu'elle ne portera jamais mais c'est le geste qui compte. Julie remercie toujours volontiers sa grand mère. Elle ne voit pas beaucoup son père, qui voyage souvent, mais s'il ne faisait pas tout cela, elle n'aurait pas ce train de vie là et elle aime son train de vie, elle n'aurait pas aimé être pauvre. C'est pour les nuls d'être pauvre. Julie ne comprend pas toujours ce qu'on raconte à la télé mais elle fait mine de comprendre, sinon c'est vraiment nul aussi. Et puis julie passe des heures à lire, elle est sage julie.
Le soir julie devient Julia. Une garce sans nom. Les yeux cerclés de noir, tout juste si on ne lui donnerait pas plus de 20 ans, son attitude, ses vétements, ses mimiques de jeunes vierges effarouchées donneraient envie à un ermite de se la faire. Et puis l'alcool, encore et toujours l'alcool, beaucoup, en grande quantité, jusqu'à ne plus rien comprendre, ne même plus voir que ce garçon la tripote un peu trop, jusqu'à ne même plus sentir cette fille qui marche sur ces pieds en dansant. Julia est en trans, une trans totale, le stromboscope laisse deviner cet état second. Rien ne l'arrête. Et puis la drogue, qui la bousille, tous les jours un peu plus, elle a testé un jour et depuis c'est de temps en temps, sans doute un peu trop souvent pour une fille de 15 ans, mais elle le sait, mais après tout un joint de temps en temps c'est si bon et ça fait de mal à personne. Et puis de tfaçon faut bien mourir de quelque chose. Elle déteste quand les gens disent ça, elle a même horreur de ça mais elle aussi un jour a fini par le dire à quelqu'un qui voulait à tout prix qu'elle arrête de fumer. Julia elle n'aime pas les ordres, elle n'aime pas la politesse, les faux semblants. Julia, elle, elle aime l'extréme, tester ses limites, brûler la vie par les deux bouts, elle tient un blog pour dire combien la vie est dure. Au nouvel an elle boit du champagne avec ses copains, finit en vomissant sur un canapé en cuir dans une jolie banlieue hupée. Elle est tellement jolie Julia. Elle est entrée au lycée cette année, elle s'y rend en scooter, une écharpe rose burberry enserre son cou, c'est la seule qu'elle daigne porter, et puis à son bras un sac de dame, bien trop dame et puis dans le prolongement de son sac qui n'aurait pas du être là, une clope. Petit objet sans intérêt. Elle a le visage tellement enfantin mais sa main est si vulgaire, le vernis rouge ne fait que ressortir cela. Ca veut déjà être grande. Tellement grande. Une grande ça couche. Julia et le sexe. Julia n'a fait que embrasser des garçons. Si une fois, il y en a un qui a mis la main sous son tee-shirt mais elle a dit non. Olala si ses copines savaient ça, la honte. Mais elles en parlent beaucoup entre elles, regardent des séries de grandes qui en parlent, disent bite, pipe et tous les plus jolis mots relatifs au sexe. Elles aussi sont une génération porno. Elles aussi croient qu'une fille qui ne crient pas n'a pas de plaisir. Et puis Julia, elle sort déjà en boite, elle a pas le droit, elle le sait bien, mais elle prend des risques, elle sort, il y a sa meilleure amie et puis les autres meilleures amies et tous les samedis c'est la même chose, la bonne vieille excuse, "je dors chez truc", truc dort chez machin et machin chez truc. C'est toujours pareil. C'est facile de rentrer en boite, il suffit de se maquiller, il suffit d'être une fille. La nuit, les hommes et rien d'autre, elles embrassent, boivent et rentrent. Parfois elles boivent juste entre elles, parce que c'est drole, parce qu'il n'y a rien d'autre à faire, parce que papa et maman vont rentrer tard et puis que de toutes façon "trop dur la vie". Leurs idoles s'arrêtent à Hell et Gossip Girl. Pourtant Julia n'est pas une fille de la jeunesse dorée, elle n'est pas pauvre non plus mais c'est comme le prix de la coke, maintenant même les classes moyennes peuvent s'en payer. Et puis Julia fait comme tout le monde. Parce que c'est drôle d'enfreindre les règles, c'est drôle de faire croire à ses parents certaines choses pour finalement faire tout l'inverse. Et puis quand on a 15 ans on croit que le monde nous appartient, on croit que tout est acquis, que l'amour c'est joli. Julia a comme l'impression de n'avoir jamais cru à cela, elle n'a jamais cru que l'amour c'était joli, comme si elle était née désenhantée. Julia a juste 15 ans et croit juste être différente comme tout le monde. Julia déteste qu'on l'appelle Julie. Julia veut se faire piercer la langue ou le nombril mais ses parents refusent, alors elle se dit qu'elle fera comme dans le film thirteen, film qu'elle a vu une fois et qui sans oser l'admettre est devenu une sorte de bible. Et puis elle qui lisait tout le temps il y a quelques années encore, passe son temps sur facebook désormais. Quand on est sur facebook on a jamais l'impression d'être seule. On peut passer des heures à répondre à des tests à la con pour savoir dans quel film on vit ou quel est son degré de pétassatitude. Alors Julia fait comme tout le monde. Elle pleure, fait des caprices et trouve que la vie est trop injuste. Elle aime un mec en secret, personne ne le sait et ne le saura jamais même celle qu'elle considère comme sa meilleure amie. C'est tellement ringard de désigner quelqu'un comme meilleure amie. Autrefois elle aimait les dauphisn et les chateuses avec des couettes, désormais elel ne vit plus que pour l'électro. Et puis toujours ce petit bout de toxicité coincé entre ses deux doigts. Jamais très loin, juste parce que ça donne une contenance, et qu'à 15 ans avoir une contenance c'est très important. La dernière fois un mec plus vieux qu'elle l'a sifflé dans la rue, sur le coup, ça lui a fait un peu peur mais en y repensant ça la flatte, même si le mec portait un jogging et qu'il devait avoir 20 ans. On s'en fout le lendemain pour ses copines le mec avait bien 20 ans mais l'avait klaxonné en voiture. Elle portait un short ce jour-là, un short avec des talons. Son kiné lui a dit qu'elle devrait éviter les talons à son âge parce qu'elle n'avait sans doute pas fini sa croissance mais dans le fond on s'en fout, des talons elle en porte depuis qu'elle a 13 ans, alors ... croissance gâchée pour gâchée. Et puis Julia elle aime être trash, elle aime se dire que plus tard elle s'habillera trop classe mais qu'en même temps ce sera trop une reblle, genre elle révolutionnera le monde de la mode en mélangeant du Westwood et du Chanel. Parce qu'il faut pas croire mais Julia s'y connait en mode, elle a acehté son premier magazine féminin il y a longtemps déjà. Et pour ainsi dire elle a fait son éducation sexuelle là dedans. Julia ne se voit pas trop d'avenir en fait pour l'instant. Son seul objectif est d'avoir un scooter à noel, parce que ses parents sont trop nazes. C'est déjà ringrad de dire ça.